Portrait : Clément Otazo, le talent pur.

03/09/2011 – PORTRAIT: CLÉMENT OTAZO, LA FORCE TRANQUILLE

Pour la première fois de sa jeune carrière, Clément Otazo évoluera ce samedi soir comme chef d’orchestre de la ligne d’attaque bayonnaise. Sans pour autant se rajouter de pression

Auckland ce vendredi soir. Au pied de l’hôtel Spencer and Byron, dans le quartier de Takatuna, là même où le XV de France a posé ses valises pour la Coupe du Monde à venir, Cédric Heymans et David Skrela devisent… du Top 14. Question de Skrela, le néo-Clermontois, à Heymans, le futur Bayonnais : « tu le connais toi le jeune qui a remplacé Benjamin Boyet vendredi dernier ? ». Heymans s’arrête, réfléchit, cherche à vérifier. « Otazo je crois ». Skrela coupe : « C’est bien ça, Otazo. Et bien lui, si les petits cochons ne le mangent pas… ».

Christian Gajan: « Nous n’irons plus chercher ailleurs ce que nous avons au sein même du club »

A des dizaines de milliers de kilomètres de là, vendredi dernier, dans le vestiaire bayonnais en liesse après le premier succès de la saison aux dépens du champion de France en titre, le Stade Toulousain (18-13),P-P Lafond, Julien Puricelli et d’autres joueurs bayonnais se faisaient la même réflexion. Dans les mêmes termes. A 18 ans, bientôt 19, Clément Otazo venait de remplacer Benjamin Boyet, blessé à l’épaule. « Je ne me suis pas posé de questions, j’ai joué du plus naturellement possible. La seule différence c’est qu’en face de moi j’avais des joueurs que je ne voyais jusque là qu’à la télévision ou dans les journaux ». Encore junior Crabos en mai dernier, un mois plus tard il effectue la reprise avec l’effectif professionnel. « Nous avons des jeunes de grande qualité au sein du club, martèle Christian Gajan, le directeur du rugby. Nous sommes là pour les accompagner dans leur progression et leur donner leur chance. Nous n’irons plus chercher ailleurs ce que nous avons au sein même de l’Aviron Bayonnais ». Après les paroles, place aux actes. Clément Otazo signe ce samedi soir à Chaban-Delmas sa première titularisation au poste d’ouvreur des Ciel et Blanc. Epaulé d’un côté par Cédric Garcia, demi de mêlée de métier et de confiance. Et de l’autre par Lionel Mazars, « c’est lui qui me guide »sourit-il timidement.

Daniel Larrechea: « Il a un tempérament de gagneur et de travailleur avec une humilité frappante »

Qu’on se le dise, avec Clément Otazo, on a davantage affaire à un besogneux, un laborieux, un silencieux, qu’un gros arrogant. Des valeurs inculquées à Saint-Jean-de-Luz, sa cité, où son papa, trois-quart centre de l’Aviron Bayonnais dans les années 80, lui a mis un ballon ovale entre les mains à 6 ans. Sa maman, coiffeuse, a pour sa part imprégné son goût de la discrétion. Dans les catégories jeunes du SJLO il est déjà « le meilleur, et de loin » comme le souligne Daniel Larrechea, son voisin de Saint-Pée, ouvreur emblématique des Ciel et Blanc jusqu’en 2009 et désormais conseiller pour le jeu au pied auprès du centre de formation de l’Aviron. « Clément sait tout faire de ses pieds et de ses mains. Il est en plus excellent en défense, ce qui est rare chez un numéro 10. Il a un tempérament de gagneur et de travailleur, avec une humilité frappante ». De tout ça, Clément ne dit évidemment pas un mot. « C’est bien pour nous les jeunes de pouvoir s’entraîner avec les professionnels, ça nous montre le travail qui nous reste à accomplir, ce n’est que du bonus ».

Phillipe Sella: « A cet âge il faut savoir prendre le temps. Ces jeunes abordent le rugby avant tout comme un plaisir »

Au Centre National du Rugby de Marcoussis, la saison dernière, il a touché de près les exigences du rugby pro : « Je sais que je dois beaucoup travailler ne serait-ce que physiquement, je suis un peu léger. Mais je prends les choses comme elles viennent, je ne me prends pas la tête, je ne veux surtout pas brûler les étapes ». Sa progression a été toujours linéaire depuis qu’il a rejoint Bayonne voilà trois saisons. International des moins de 16 ans, des moins de 17 ans et des moins de 18 ans, il a déjà tapé dans l’œil de Philippe Sella, le manager des moins de 20 ans et consultant Canal+ vendredi dernier à Jean-Dauger : « A son poste, c’est un des meilleurs, c’est une évidence. Maintenant on n’est pas là pour le ‘cramer’. Je fais confiance à Christian (Gajan) et à l’Aviron pour l’accompagner dans son évolution. A cet âge là il faut savoir prendre le temps, ces jeunes abordent le rugby avant tout comme un plaisir, il faut en tenir compte».Victoire ou défaite ce samedi face au promu bordelais, il conviendra ainsi de juger la prestation de Clément Otazo avec retenue et prudence. Afin de ne pas rajouter son nom au Panthéon des étoiles en devenir trop vite sacrifiées par la conjonction de la prétention, de la supériorité et du mépris que le rugby professionnel et son environnement savent si bien engendrés. « Je ne me pose pas de questions, je ferai des choses simples, ce que je sais faire ». Si simplement. A son image.

source : http://www.abrugby.fr

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